Descente du fleuve Yukon -Canada- en canoë 735 km, 15 jours en pleine nature!

La Grande Rivière  (c’est ce que signifie « Yukon » dans la langue des indiens de cette région du nord du Canada) porte bien son nom puisqu’après avoir remonté le nord du pays, elle traverse l’Alaska d’est en ouest. Nous l’avons descendue à deux (Antoine et Olivier) sur près de 750 km. Et ce n’est finalement qu’une petite portion puisque le fleuve coule au total sur 3200 km. La descente du fleuve s’est effectuée en mode « très-très-loin-du-léger» il y a longtemps. Nous ne pouvions parler de nos plus belles randos sans la signaler. Elle est unique par le bain de nature qu’elle nous a offert: en tout et pour tout une route croisée, à l’endroit où elle passe par dessus le fleuve. Le caractère ultra-isolé de l’endroit doit demeurer aujourd’hui car depuis sa source jusqu’à son embouchure en face de la Russie dans la mer de Béring, le fleuve n’est enjambé que par quatre ponts carrossables.

Sur les bords du cours d’eau serpentant dans de superbes paysages, nous avons pu observer ours noirs, grizzlys, castors, élans, aigles à tête blanche et de nombreux autres oiseaux. Ils ne nous entendaient pas venir, le canoé glissant silencieusement sur l’eau. Nos oreilles, elles, n’ont pratiquement pas entendu de moteur pendant deux semaines. L’immersion dans la nature, quasi sans possibilité d’y faire entorse, a sans doute apporté les dimensions principales de cette descente : la déconnexion, le calme et la simplicité.  Un bonheur au grand air et loin de l’excitation du monde.

Le long du fleuve subsistent des souvenirs d’une brève mais très intense ruée vers l’or. En 1896, la nouvelle de la découverte d’un filon tout au nord du continent se répandit à San-Francisco.  100.000 personnes se lancèrent vers l’endroit où l’or fut trouvé, avec l’espoir de faire fortune. A peine une personne sur trois parvint à atteindre la région qui se révèle très inhospitalière.  Dawson City était née en un éclair !  Parmi les 30.000 courageux, à peine 4.000 trouvèrent de l’or. Trois ans après le déclenchement de la ruée, beaucoup étaient repartis.  Aujourd’hui, la ville isolée ne compte que 1.300 habitants.

Puisque le cours d’eau fut à l’époque emprunté par les chercheurs d’or pour rejoindre le lieu où ils espéraient faire  fortune, on trouve sur les berges ci-et-là cabanes en ruines, restes de cimetière ou de bateau à aube, qui sont les témoins de la fièvre éphémère…

Superbes paysages, calme, vie sauvage et descente a priori sans grande difficulté technique : un délice que nous ne sommes pas prêts d’oublier!

Infos pratiques et bref descriptif

  • Départ de Whitehorse et arrivée à la première petite ville qui suit –Dawson City-… 735 km plus loin !
  • Isolement assuré : sur la section parcourue, seule une route enjambe le fleuve après 350 km.  Il est possible à cet endroit de rejoindre une station essence pour y acheter des victuailles.  Hormis cela, on ne voit ni route, ni piste. C’est la nature. 
  • Pas de difficulté majeure pour naviguer : Nous nous en sommes bien sortis alors que nous n’avions que peu d’expérience en canoé (Nous étions certes tous deux en bonne forme !) Cependant il convient de prendre ses renseignements sur le niveau d’eau: celui-ci peut influencer grandement la difficulté de la descente.
  • Comment s’y rendre : Possibilité de rejoindre le point de départ depuis Bellingham (Etat de Washington, USA) en embarquant sur un ferry (Alaskan Ferries) qui remonte la côte canadienne puis celle de l’Alaska. C’est l’option que nous avons choisie. Et nous recommandons chaudement ! Les 3 jours avec la tente accrochée sur le pont, donnant vue sur les baleines qui sautent étaient un vrai régal !  Une fois arrivé à Skagway (Alaska), un train ou un bus permettent de rejoindre la petite ville de départ.
  • Un document papier renseignant les passages clés peut être trouvé à Whitehorse (point de départ). En effet, l’itinéraire est un « classique ».  Mais on vous rassure : on est quand même loin d’y croiser du monde chaque jour!  
  • Location de matériel : possibilité à Whitehorse (canots, pagaies, gilets…)

Trajets en bateau et canoé insérés sur carte issue de http://www2.demis.nl/mapserver/mapper.asp (domaine public) Licence : http://: https://www.gnu.org/licenses/licenses.fr.html#GPL

Une superbe descente et une navigation assez simple…

La localisation et la longueur de ce « trek » peuvent faire penser à quelque chose de compliqué. Et pourtant il s’agit sans doute d’une des randos qui, parmi celles reprises dans ce blog, ont demandé le moins de compétences techniques :

  • pas de souci d’orientation. Le fleuve descend: il suffit de le suivre !
  • pas de difficulté majeure de navigation rencontrée (pour notre part) sur le parcours hormis les vents importants pendant la traversée du Lac Laberge (50 km) : les vagues s’engouffraient dans le canoé par l’avant.  Nous avons rejoint la berge dans une embarcation à l’état de baignoire… !
    • Les Five Fingers rapids et les Rinks rapids sont des endroits où l’on sent la puissance importante du fleuve. Mais nous ne les avons pas trouvés ingérables
  • peu de difficultés à gérer le poids et le volume du matériel.  C’est le canoë qui porte !  Nous avions emmené l’artillerie lourde : grosse tente, réchaud à essence (pour éviter de nous retrouver sur place munis d’un brûleur incompatible avec les cartouches locales) et de quoi bien manger :  gros bloc de fromage, jambon, grille pour cuire les poissons, oignons à faire rôtir, quelques bières…

Parmi les autres avantages, signalons :

  • la pêche miraculeuse dès la pose de l’hameçon dans l’eau !  J’étais occupé à assommer le premier poisson au fond du canoë qu’Antoine en déposait un deuxième, et de suite un troisième. Ça gigotait dans tous les sens!  Bref, nous avons pensé manger du poisson régulièrement.  Ce premier moment prodigue passé, nos hameçons sont surtout restés accrochés à des cailloux… On ne s’improvise pas pêcheurs !
  • le développement de corps d’athlètes au bout de ces quinze jours à pagayer! 😀

… il faut cependant être préparé à tout:

  • la météo peut changer la donne rapidement : un orage et de gros vents nous ont forcés à nous réfugier dans un bras plus abrité du fleuve ;
  • le niveau d’eau peut bien sûr influencer le caractère technique de la descente ;
  • de nombreux arbres emportés (parfois d’immenses amas de troncs) barrent le chemin sur la rivière et sont absolument à contourner. Cela ne semble rien a priori mais se retrouver poussés contre ces arbres par le courant est très dangereux
  • Les rencontres avec les animaux peuvent réserver des surprises : une ourse nous a clairement signifié qu’il s’agissait de s’éloigner de ses petits (dont nous nous approchions sans les voir)  Il y a beaucoup d’ours dans ces régions fort reculées. Nous avons eu la chance de voir un grizzly qui chassait des chèvres de montagne. Hormis cela, beaucoup de traces. Parfois apparues près du campement pendant la nuit. 
Tiens, tu as vu? Cette patte d’ours n’était pas là quand nous nous sommes couchés hier soir…
L’ourse pas contente… qui s’est apaisée dès que nous étions éloignés de ses petits. Gros coup de stress même si elle n’était pas grande
  • Au final la chose la plus contraignante était de trouver et d’installer le camp chaque soir avec les précautions nécessaires. Cela implique parfois de scruter la berge pendant de longs kilomètres.  Une fois identifié un endroit accessible et dégagé commençait le rituel quotidien : hisser la nourriture hors de portée des ours. C’est à dire à plus de  trois mètres du sol dans un arbre et à un mètre du tronc.  Ensuite trouver un endroit où cuisiner et où manger, loin de la tente afin d’éviter toute odeur alléchante près de nos sacs de couchage.  Les vêtements utilisés pour préparer le repas et manger passaient la nuit dans un bidon étanche à l’extérieur, accompagnés de tout ce qui peut sembler appétissant au nez de l’ours, y compris le tube de dentifrice !

Galerie photos

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