Traversée de l’Islande solo -403 km- Partie 1 Hautes-Terres

Chevaux en liberté,  premières sources d’eau chaude et champs de lave ! – km 0 à 190

Varmahlid, petite localité du nord de l’Islande compte… 130 habitants ! Nous sommes fin juillet et ce n’est que dans un bon 170 km à vol d’oiseau, après avoir traversé les  Hautes –Terres , qu’il sera possible de recroiser un lieu renseigné comme aussi gros (!) sur la carte.  Et pour cause : l’intérieur du pays n’accueille ni ville ni village.  C’est de bonne augure pour ce trek « pensé maison » que j’entreprends à l’instant.

Au milieu de la traversée…

Le principe est simple : partir du nord (l’océan Arctique est 20 km derrière moi) et descendre vers le sud en passant entre deux gigantesques glaciers. Puis rejoindre l’océan Atlantique situé à 200 km, toujours à vol d’oiseau. 

Une fois quitté l’asphalte, il n’y aura pas un sentier précis à suivre mais juste une orientation pour la première semaine.  C’est l’avantage de randonner dans ce pays dépourvu d’arbres : on peut mettre le cap sur une direction et la suivre.  Il faudra par contre naviguer entre montagnes, glaciers et cours d’eau. Un bon moment de liberté s’annonce sur cette terre de glace et de feu émergée de l’océan à coup d’éruptions.

Infos pratiques :

  • Parcours « fait maison » à travers champs de lave, montagnes, plaines, étendues désertiques,  vallées verdoyantes  et volcans ;
  • Randonnée hors sentiers balisés.  La troisième section emprunte une randonnée classique qui elle est indiquée ;
  • 403 km (324 km +79 km avec le déplacement de la dernière section vers l’est afin de terminer par le Laugavegur et son extension jusqu’à la côte) ;
  • Paysages variés, avec la liberté de planter la tente où il plaît (à l’exception de la section en bleu) ;
  • Troisième section superbe mais remplaçable par un tracé sud-est… pour garder l’itinéraire d’un bloc ;
  • Sentiment de liberté et d’isolement garanti. Pas de route, pas d’habitation. Au total pour les deux premières sections: deux infrastructures sommaires accessibles. Mais avantage de pouvoir se rabattre sur la « Piste Kjolur » (appelée aussi F35) en cas de pépin. La troisième section offre de rares refuges avec espace “tentes” attenant.  

Les chevaux piétinent le sol autour de la tente. Quel réveil! Je sors en vitesse du sac de couchage et détache les tendeurs de peur que les sabots s’y emmêlent et emportent le double-toit. Une fois les animaux ayant fini de damer les alentours, j’en profite pour parler avec un des trois cavaliers encadrant le troupeau. Perché pas très haut sur son petit cheval islandais, pull collé au corps,  il m’explique que les bêtes sont réunies pour une cérémonie traditionnelle quelques km plus loin, à l’occasion de laquelle elles seront bénies.

Le plus jeune des cavaliers, fier devant le troupeau accompagné

Ravi que ma première rencontre soit celle de ces superbes chevaux et de cavaliers plutôt que celle d’un véhicule tout-terrain, je me remets en route et ne tarde pas à rattraper le petit groupe qui a  rassemblé les animaux dans un enclos. Après avoir dormi dans la vallée de la bénédiction,  je m’enfonce entre les deux montagnes et c’est la porte vers l’Islande sauvage qui s’ouvre.

La vallée où les chevaux seront bénis…

De fait, dès le soir je peux planter la tente dans une douce vallée peuplée d’oies sauvages et de chevaux vivant en semi-liberté. Les éleveurs ne les rassemblent que pour l’hiver.  De petite taille, ils constituent une race à part qui n’a pas subi de croisement depuis les années 900. En effet l’importation de chevaux est interdite sur l’île depuis le dixième siècle.

Les jours suivants voient  la végétation se raréfier au fur et à mesure que le relief s’aplatit. Le climat arctique a poussé les plantes à s’adapter pour se protéger.  Elles restent au ras du sol et développent des  feuilles minuscules.  Je prends plaisir à traverser une forêt de bouleaux nains en me prenant pour un géant !  Les chevaux sont toujours de la partie, amenés en cortèges d’autres régions pour la bénédiction.  

Forêt ( ! )  de bouleaux traversée à grandes enjambées

Le cinquième jour marque les 100 premiers kilomètres parcourus, alors que j’avance dans une zone semi-désertique. Une fois la rivière Blanda traversée,  il faut mettre le cap plein sud.  Mon projet est de passer entre deux glaciers (Hofsjökull et Langjökull : c’est facile, « Jökull » signifie « glacier » en islandais).  Les quelques fois où le temps leur permet de se détacher à l’horizon, je suis impressionné par leurs tailles.  Et pourtant, on n’en voit qu’un bout…

Hverravellir (prononcer Kvè-ra-vè-tlir) est une oasis d’eau chaude coincée entre désert, champ de lave et glaciers.  Les fumerolles qui s’en élèvent dans le ciel permettent de la voir de loin.  C’est trempé que j’y arrive après avoir traversé une interminable zone plane sableuse marquée par quelques buttes et battue par les pluies.    Je suis ravi d’y récupérer la nourriture lyophilisée que j’y ai fait déposer. Hverravellir est en effet situé le long d’une piste et j’étais certain de passer par ce point.

L’eau chaude jaillit de la Terre en ce point central de l’Islande. Hormis les curiosités naturelles et la possibilité de voir une maison traditionnelle, l’endroit se résume à un refuge et une mini-cafétéria, des sanitaires et une aire où dresser les tentes.  Cela fait une semaine que je suis parti du nord et le temps n’appelait pas à la baignade dans les eaux glacées.  Il est temps de prendre une douche avant de… me baigner dans la cuvette en plein air emplie d’eau chaude !  J’y fais connaissance de bénévoles travaillant au marquage de sentiers de randonnée.  A la différence de nos GR, ces sentiers sont souvent indiqués par des  pieux qu’il convient de planter dans le sol.  Du boulot donc…  Avant l’hiver rigoureux, ils aideront les éleveurs à rassembler les moutons et chevaux vivant en liberté le reste de l’année.  Cette fin de journée, ils cuisent la soupe sur… les jets de vapeur s’échappant du sol (les Islandais utilisent aussi la géothermie pour la cuisson du pain) !

Les fumerolles de Hverravellir forment des petits volcans à l’embouchure jaune souffre.  

Je remarque ce soir une étoile dans le ciel. C’est la première fois depuis un mois que je suis arrivé en Islande. Nous sommes en août, les journées de 24h ont désormais leur période de pénombre.

Construction traditionnelle islandaise, le toit couvert de terre.  Dans certaines d’entre elles, le rez abritait les animaux… qui chauffaient ainsi l’étage des hommes !

En discutant avec les bénévoles grandit l’envie d’un détour par le massif montagneux du Kerlingarfjöll. J’ai adoré le parcourir lors du précédent passage dans le pays.  Après tout, il n’est qu’à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau. M’offrir le détour pour cet endroit magique ne prendra que quelques jours et j’ai amplement le temps… Cette rando se voulait celle de la liberté, sans contrainte.  Et bien, elle le sera jusqu’au bout !  

Le trajet vers l’étape improvisée commence par la traversée d’un loooooong champ de lave en bordure duquel je plante la tente.  La lave durcie prend des formes différentes en fonction de la viscosité qu’elle avait alors qu’elle coulait.  A peine une dizaine de km parcourus aujourd’hui tant j’ai aimé regarder ses dessins.

heureux

L’eau disponible dans le petit cours d’eau est extrêmement chargée en  minéraux.  Il n’y a d’autre choix que de faire avec celle-ci pour réhydrater mon plat lyophilisé et boire. Le sac étanche contenant en journée mon sac de couchage est fixé au sommet des bâtons de marche. Puis il est rempli d’eau pour la nuit, espérant que la sédimentation aura fait son œuvre le lendemain matin… Au réveil, l’eau contenue dans le sac est toujours opaque.  Je la filtre comme je peux à travers un bout de tissu.  Le thé et le muesli de ce matin seront aux compléments minéraux ! 

L’eau, seule, pourra-t-elle faire office de repas…?

Avec la motivation de rejoindre l’endroit magique, le trajet vers le massif du Kerlingarfjöll est vite parcouru. A l’arrivée, quelle surprise…

La suite: Partie 2: Les délices du Kerlingarfjöll

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